El run run en francés

 Reseña sobre El run run de las cosas que escribió Antonio Barral Borrell  en el blog Les lettres de mon trapiche , una referencia de la literatura uruguaya en el ámbito francés. Escrito con humor y fluidez, incluye su propia autocrítica cuando sostiene que esperaba verse mencionado en la novela (a tal grado nos lleva el ego de los escritoes) y sostiene dos o tres cosas que me hicieron pensar (entre ellas, lo
irrelevante que es saber si los sueños fueron soñados o inventados, no hay otra, como en cualquier narración, que "entrar en el juego" del narrador/soñante).

Se puede acceder aquí o leer a continuación en francés y español


El run run de las cosas, por Antoine Barral

Editorial Estuario, Montevideo, 2020, 220 pages.  ISBN : 978-9974-908-36-9

Pablo Silva Olazábal est un journaliste et critique littéraire et auteur uruguayen né en 1964 à Fray Bentos. Dans les années 70 sous la dictature « civico-militaire » ses parents s’exilent en Europe, et c’est à Madrid qu’il suit une formation d’enseignant. De retour en Uruguay à la fin de la dictature, il fait des études de communication. Il participe aussi à des ateliers d’écriture, dont ceux de Mario Levrero. Il est aujourd’hui animateur d’émissions radiophoniques culturelles et littéraires ainsi qu’organisateurs de rencontres et d’événements publics dans ces mêmes domaines. Personnage affable, érudit, avec un côté très « British », il est un incontournable de la vie littéraire uruguayenne.

Bibliographie : “La revolución postergada y otras infamias” (cuentos) Ediciones de la Balanza (2005) , “Entrar en el juego” (relatos) Yaugurú (2006) , “Conversaciones con Mario Levrero” Trilce (Montevideo, 2008). Luego impreso por Lolita Editores (Chile, 2012) et Conejos (Buenos Aires, 2013) , “La huida inútil de Violeto Parson” (novela) Dixi (2012) ,“Lo más lindo que hay” (cuentos) Ediciones Outsider (2015) , “Pensión de animales” (novela) Estuario (2015) et « El run run de las cosas » en 2020.

Le Trapiche a déjà commenté quelques livres de Pablo Silva, notamment ses « Conversations avec Mario Levrero », mais aussi des recueils de textes très courts. « El run run de las cosas » tient un peu des deux, car il s’agit de conversations avec des écrivains, mais des conversations rêvées, dans un ensemble de textes qui pourraient être de courtes nouvelles, ou des chapitres de roman, voire des essais sur la condition d’écrivain. En s’engageant sur le terrain glissant de la « littérature du rêve », Pablo Silva prend la précaution de prêter sa plume et son projet à un alter ego du nom de Héctor Corvalàn Ramos, avec qui il a aussi en commun de professer une haine de la « littérature du moi », ce qui pourrait être gênant à l’heure de publier des choses aussi intimes que ses rêves notés au cours de nombreuses années. D’où une préface dans laquelle Corvalàn se défend de tomber dans la « littérature du moi », tout en se réclamant d’un discutable « réalisme onirique » qui lui permettrait d’évoquer sa propre vie sans la raconter. Mais dans ce cas, tant de notes pour recontextualiser chaque rêve ne sont elles pas un aveu d’échec ?

« Do writers dream of eclectic writers ? », les écrivains rêvent-ils d’écrivains éclectiques ? (Plusieurs fois dans le livre est rappelée l’incitation de Borges à lire de tout).  Si je me permets ce jeu de mots en clin d’œil à Philip K. Dick, c’est parce que Blade Runner est brièvement évoqué dans ce livre, et que la question de l’authenticité de ces rêves est posée, notamment par Mercedes Rosende (que les lecteurs du Trapiche connaissent, et qui apparait aussi dans un des rêves) dans un entretien visible sur YouTube (lien en dessous de cet article). À quoi Pablo Silva répond par une autre question : cela aurait-il la moindre importance pour le lecteur ? Pour ma part, j’ajouterais même : Quelle est la différence entre un « vrai » rêve et un rêve inventé ? Aucune : on n’a d’autre choix que de croire en la parole du rêveur ! D’ailleurs, toujours dans le même entretien, Pablo Silva rappelle cette définition : « La littérature est un rêve dirigé », citée aussi dans la préface de Corvalàn. Et par corollaire, les rêves seraient un genre littéraire ? 

On ne va pas prendre le risque ici de raconter chaque rêve d’Héctor Corvalàn. Ils peuvent très bien être lus dans le désordre, on peut en sauter quelques-uns. Que chaque lecteur trouve son chemin dans ce labyrinthe, il n’y sera pas à l’abri d’une bonne surprise ou d’un éclat de rire. 

Dans ce livre, c’est un écrivain qui rêve d’écrivains, mais sans prétention, avec un détachement ironique et des situations abracadabrantes qui désamorceraient tout dérapage vers la pédanterie, et par moments une bonne dose d’autodérision : par exemple sur les émotions de l’auteur à la sortie de son premier livre, les relations avec les autres auteurs, les éditeurs, les différences de statut entre les auteurs publiés, les auto-publiés, les pas-publiés-du-tout... Observateur privilégié de la vie littéraire, Pablo Silva n’a aucun besoin de se livrer au « name dropping » pour se faire remarquer. Si telle avait été son intention, il n’aurait pas évoqué un bon nombre d’illustres inconnus (surtout pour le lecteur européen, mais aussi pour un bon nombre d’uruguayens). Alors, on croise Borges, Bolaño, Cercas, García Márquez, ou bien des Uruguayens comme Felisberto Hernàndez, Mario Levrero, Mario Delgado, Rafael Courtoisie, Carlos Rehermann, Martin Bentancor, Mercedes Rosende (dont les fidèles du Trapiche sont familiers, à supposer qu’il existe des fidèles du Trapiche), mais la liste des absents, et pas des moindres, est forcément beaucoup plus longue. Ce n’est pas un livre « tout public », car il risque d’être difficile à comprendre pour le lecteur non-uruguayen, mais il pourrait bientôt devenir une référence obligatoire pour les enseignants et les chercheurs, bien que ce ne soit pas son intention initiale.  

Les hasards de la vie ont fait que je suis devenu, sans l’avoir prémédité, un « observateur-participant » de la vie littéraire uruguayenne actuelle. (Pour autant, je ne suis pas certain d’avoir tout compris). Je connais personnellement un grand nombre des auteurs mentionnés dans ce livre, d’autres moins bien, mais je les suis parfois sur les réseaux sociaux. Pour comble, je dois au critique Pablo Silva Olàzabal un de mes plus grands bonheurs d’auteur, ce qui me place dans une situation ambigüe vis-à-vis de son livre : j’avoue que je fais partie de ceux qui ont rêvé de trouver leur nom dans les rêves de Corvalàn et qui ont été déçus. L’égo démesuré des auteurs, on sait ce que c’est. 

Antoine Barral 


Pablo Silva Olazábal es periodista y crítico literario y autor uruguayo nacido en 1964 en Fray Bentos. En la década de 1970, bajo la dictadura “cívico-militar”, sus padres se exiliaron en Europa, y fue en Madrid donde se formó como maestro. De vuelta en Uruguay al final de la dictadura, estudió comunicación. También participa en talleres de escritura, entre ellos los de Mario Levrero. Hoy es conductor de programas de radio culturales y literarios, así como organizador de reuniones y eventos públicos en estos mismos campos. De carácter afable, erudito, con un lado muy “británico”, es un referente de la vida literaria uruguaya.


Bibliografía: “La revolución postergada y otras infamias” (cuentos) Ediciones de la Balanza (2005), “Entrar en el juego” (relatos) Yaugurú (2006), “Conversaciones con Mario Levrero” Trilce (Montevideo, 2008). Luego impreso por Lolita Editores (Chile, 2012) y Conejos (Buenos Aires, 2013), “La huida inútil de Violeto Parson” (novela) Dixi (2012), “Lo más lindo que hay” (cuentos) Ediciones Outsider (2015) , “Pensión de Animales” (novela) Estuario (2015) y “El run run de las cosas” en 2020.


Le Trapiche ya ha comentado algunos libros de Pablo Silva, en particular sus “Conversaciones con Mario Levrero”, pero también colecciones de textos muy breves. “El run run de las cosas” es un poco de las dos cosas, porque se trata de conversaciones con escritores, pero conversaciones oníricas, en un conjunto de textos que pueden ser cuentos, o capítulos de novelas, incluso ensayos sobre la condición del escritor. Al lanzarse por la pendiente resbaladiza de la "literatura onírica", Pablo Silva tiene la precaución de prestar su pluma y su proyecto a un alter ego llamado Héctor Corvalàn Ramos, con quien también tiene en común profesar un odio a la "literatura del yo”, lo que podría resultar vergonzoso al publicar cosas tan íntimas como sus sueños registrados a lo largo de muchos años. De ahí un prefacio en el que Corvalàn se defiende de caer en la “literatura del yo”, al tiempo que reivindica un cuestionable “realismo onírico” que le permitiría evocar su propia vida sin contarla. Pero en este caso, ¿no son tantas notas para recontextualizar cada sueño una admisión de fracaso?


“ ¿Los escritores sueñan con escritores eclécticos? », ¿Los escritores sueñan con escritores eclécticos? (Varias veces en el libro se recuerda el aliento de Borges a leer todo). Si me permito este juego de palabras en guiño a Philip K. Dick es porque  Blade Runner se menciona brevemente en este libro, y que la cuestión de la autenticidad de estos sueños se plantea, en particular, por Mercedes Rosende (a quien los lectores de Trapiche conocen, y que también aparece en uno de los sueños) en una entrevista visible en YouTube (enlace a continuación este artículo). A lo que Pablo Silva responde con otra pregunta: ¿tendría esto la más mínima importancia para el lector? Por mi parte, incluso agregaría: ¿Cuál es la diferencia entre un sueño “real” y un sueño inventado? Ninguno: ¡no tenemos más remedio que creer en la palabra del soñador! Además, siempre en la misma entrevista, Pablo Silva recuerda esta definición: “La literatura es un sueño dirigido”, citada también en el prefacio de Corvalán. Y por corolario, ¿los sueños serían un género literario? 

No nos vamos a arriesgar aquí a contar todos los sueños de Héctor Corvalán. Es muy posible que se lean fuera de orden, algunos se pueden omitir. Que cada lector encuentre su camino en este laberinto, no será inmune a una grata sorpresa o a una carcajada. 

En este libro, es un escritor que sueña con escritores, pero sin pretensiones, con un desapego irónico y situaciones descabelladas que apaciguarían cualquier desliz hacia la pedantería, y en ocasiones una buena dosis de autoburla: por ejemplo sobre las emociones de los autores en la salida de su primer libro, relaciones con otros autores, editoriales, diferencias de estatus entre autores publicados, autoeditados, no publicados... Observador privilegiado de la vida literaria, Pablo Silva no tiene por qué darse el gusto en "caída de nombre" (drop name) para llamar la atención. Si tal hubiera sido su intención, no habría evocado un buen número de ilustres incógnitos (sobre todo para el lector europeo, pero también para un buen número de uruguayos). Así nos cruzamos con Borges, Bolaño, Cercas, García Márquez o uruguayos como Felisberto Hernàndez, Mario Levrero, Mario Delgado, Rafael Courtuoisie, Carlos Rehermann, Martín Bentancor, Mercedes Rosende (a quienes los fieles de Trapiche conocen), pero la lista de ausentes, y no menos importantes, es necesariamente mucho mas larga. 

No es un libro para "público en general", ya que puede ser difícil de entender para el lector no uruguayo, pero pronto podría convertirse en una referencia obligada para docentes e investigadores, aunque no ea no sea su intención original. 

Los azares de la vida me han convertido, sin haberlo planeado, en un “observador-participante” de la vida literaria uruguaya contemporánea. (Sin embargo, no estoy seguro de haberlo entendido todo). Conozco personalmente a muchos de los autores mencionados en este libro, a otros menos, pero a veces los sigo en las redes sociales. Para colmo, le debo al crítico Pablo Silva Olázabal una de mis mayores alegrías como autor, lo que me sitúa en una situación ambigua frente a su libro: reconozco que soy de los que soñaban con encontrar su nombre. en los sueños de Corvalán y que quedaron defraudados. El ego desproporcionado de los autores, sabemos lo que es. 

Antonio Barral Borrell